12 octobre 2022

Approvisionnement énergétique, la France prête pour l’hiver ?

Tandis que la Russie suspend ses livraisons de gaz, les Français subissent de plein fouet une flambée des prix de l’énergie. Les risques d’approvisionnement énergétique liés à la guerre en Ukraine planent. La France est-elle en mesure d’affronter les rigueurs hivernales, et quelles perspectives induisent-elles plus particulièrement pour les entreprises ? Politique énergétique, sobriété : analysons ensemble les enjeux à court et à long terme.

La sobriété énergétique est de mise

Selon RTE, la situation énergétique serait plutôt rassurante : les stocks français sont remplis à 94 % et devraient l’être à 100 % pour le 1er novembre, permettant d’aborder sereinement la saison hivernale, pour peu que les températures restent dans les normales de saison. Une baisse de tension de 5 % est également prévue sur l’ensemble du réseau électrique. Cette diminution permet d’importantes économies d’électricité et a peu d’impact sur les appareils électriques et circuits électroniques des industries et entreprises : ils sont configurés pour encaisser des petites variations de tension, tant que la baisse reste modérée.

Le jeudi 6 octobre, le gouvernement a présenté son plan de sobriété énergétique. L’économie des consommations d’énergies apparaît comme une nécessité afin d’éviter le recours aux délestages. S’il concerne aussi bien les ménages que les secteurs public et privé, les entreprises sont concernées par un ensemble de mesures visant 10 % d’économies sur deux ans, parmi lesquelles :

  • La baisse du chauffage à 19 degrés maximum dans les bureaux, 16 degrés la nuit, voire 8 degrés en cas d’inoccupation durant 3 journées consécutives. Les entreprises devront mettre en place des outils de pilotage et de suivi de leurs consommations. 
  • La mise en place du télétravail pour diminuer les déplacements, tout en favorisant le covoiturage ainsi que le déploiement des mobilités douces. En cas de signal EcoWatt rouge, c’est la massification du télétravail voire la fermeture de certains bâtiments qui serait envisagée en concertation avec les partenaires sociaux.
  • Le remplacement des équipements et éclairages énergivores au profit de matériel basse consommation.
  • La présentation par le CSE ou délégués syndicaux de chaque entreprise d’une trajectoire de réduction des consommations et la désignation d’un « référent sobriété énergétique ».
  • L’extinction des lumières des locaux, publicités, surfaces de vente dès que clients et collaborateurs sont partis, ainsi que leur diminution de 30 % dans les grandes et moyennes surfaces.

    L’ensemble des chartes et engagements s’appliquant aux secteurs d’activités divers est présenté en détail sur le site du gouvernement. 

Nucléaire, charbon : urgence ou résilience?

Ces efforts de sobriété devraient permettre de passer l’hiver sans encombre, à moins que l’hiver ne s’annonce particulièrement froid. L’agenda énergétique s’active : la centrale à charbon de Saint-Avold en Moselle tourne de nouveau, et celle du Havre pourrait bien en faire de même, “à titre conservatoire” dixit le Gouvernement. Si cette mesure entend assurer la sécurité d’approvisionnement énergétique, elle n’est pas sans impact environnemental en raison des importantes émissions de gaz à effet de serre engendrées. De plus, les États-Unis expédient désormais leur gaz naturel liquéfié vers l’Europe pour remplacer les importations russes, lequel est deux fois plus polluant que le gaz.  

Le nucléaire, lui, a le vent en poupe. Sur les 56 réacteurs existants, 32 sont arrêtés en raison de risques de corrosion. Dans l’attente que l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) donne son accord sur leur redémarrage, le fournisseur d’énergies français promet de réactiver progressivement 26 réacteurs entre septembre et février. Si ce calendrier semble plutôt ambitieux, la France sera toutefois plus sereine dans la gestion électrique de l’hiver en cas de vague de grand froid. 

Branle-bas de combat gouvernemental

La hausse faramineuse des factures étrangle de nombreuses entreprises et industries, notamment parmi les plus énergivores. La demande en groupes électrogènes a littéralement explosé afin de pallier la perte de vitesse de production ou éviter de perdre des stocks de denrées réfrigérées. Duralex a annoncé sa fermeture pour 5 mois, Arcelor Mittal et Arc France divisent leur activité, et la liste de ceux qui en font de même, voire réduisent leurs effectifs, s’allonge. Pour soutenir les entreprises les plus touchées, le gouvernement a mis en place un dispositif d’aides. Cependant, ses critères d’éligibilité devraient être élargis pour éviter que la récession et la désindustrialisation ne se généralisent dans l’Hexagone sur les années à venir.  

Face à la crise énergétique, la transition vers les renouvelables et l’indépendance énergétique paraît inévitable. La France accuse un retard en la matière par rapport à d’autres pays d’Europe et aux objectifs de la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). Le jeudi 22 septembre 2022, Emmanuel Macron s’est rendu à Saint-Nazaire pour l’inauguration du premier parc éolien français, l’occasion pour lui de préciser sa stratégie énergétique pour le nucléaire et les renouvelables. Ceci n’est pas sans faire écho au projet de loi de programmation énergie climat, attendu au cours de l’automne. L’objectif : planifier à long terme la transition écologique et énergétique de la France, vers un mix énergétique varié. D’ici 2050, de nouveaux réacteurs nucléaires seraient construits, 50 parcs éoliens supplémentaires sont prévus en mer, les capacités photovoltaïques monteraient à 100 GW, et l’éolien terrestre serait doublé.  

La France s’apprête à affronter une période semée d’incertitudes. Les aides gouvernementales, le soutien annoncé prioritairement aux entreprises, ainsi que les politiques énergétiques actuelles et planifiées sont encourageantes. Si l’enjeu immédiat demeure la météo, notre pays semble toutefois mieux armé face aux risques d’approvisionnement énergétique, présents et à venir, que d’autres pays d’Europe. À plus long terme, c’est la situation financière des entreprises qui pose question et nécessite une action renforcée, tout en restant cohérent avec l’urgence climatique actuelle et l’objectif de neutralité carbone du pays à horizon 2050.  

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Pour toute question sur le contenu de cet article, veuillez contacter Sandrine Lauret (France). Elle vous accompagnera volontiers.

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