3 mars 2022

Ed Kronenburg

Une nouvelle stratégie de défense européenne

Une réponse commune à un contexte de plus en plus complexe et instable.

L'autonomie stratégique

Le président français Emmanuel Macron prône depuis un certain temps l’autonomie stratégique de l’Union européenne (UE). Comme souligné à plusieurs reprises et tout particulièrement dans le contexte géopolitique actuel, l’UE doit être en mesure de sauvegarder et de protéger ses intérêts, d’accroître son autonomie dans divers domaines et d’asseoir ses ambitions  politiques. Il s’agit non seulement d’être un acteur économique mondial d’envergure, mais aussi un acteur politique de premier plan, capable de défendre ses intérêts stratégiques. Il est donc de bon ton que ce thème fasse partie des priorités de la présidence française du Conseil de l’UE. 

Vers des capacités de défense agiles et cohérentes

D’aucun aurait pensé que la preuve de l’importance de cette autonomie stratégique émanerait sur le court terme et, qui plus est, d’une guerre sur le continent européen, en Ukraine. Ce concept a été timidement accueilli lors de son annonce, il y a quelques années. Aujourd’hui, force est de constater que nous avons perdu un temps précieux et que l’idée était fondée. Pour la plupart des États membres de l’UE et de l’OTAN, l’Alliance atlantique est la pierre angulaire de notre défense. Elle garantit la protection de notre souveraineté. Accroître l’autonomie stratégique de l’UE reviendrait par la même occasion à renforcer  l’OTAN. Ces engagements sont interdépendants, puisque c’est par ce biais que l’UE peut contribuer davantage à notre défense collective, tout en agissant de manière indépendante  lorsque ses intérêts sont en jeu.   

C’est sous cet angle qu’il convient d’appréhender la Boussole stratégique et le paquet de défense européens. La première gagnerait en importance et en efficacité si elle mettait l’accent sur le besoin de spécialisation entre les États membres de l’UE. Les pays restent tributaires, dans une large mesure, d’une approche nationale vis-à-vis des capacités de défense, et cherchent encore, chacun de leur côté, à parer à toute éventualité. Ce système est désormais dépassé, inefficace et onéreux. Une réforme en profondeur s’impose afin de développer des capacités de défense européennes agiles et cohérentes. 

Un besoin : la spécialisation des capacités de défense

Une telle spécialisation aboutirait à plus de complémentarité, de technologies de pointe et de coopération entre les États membres en matière de recherche et de production. Du fait de budgets limités, les dépenses collectives doivent viser une efficacité maximale. Aussi la  spécialisation des capacités de défense permettrait d’éviter  les effets doublon et renforcerait l’interdépendance des pays concernés. L’étape suivante consisterait à inclure dans le traité sur le fonctionnement de l’UE (TFUE) une clause similaire à l’article 5 du traité de l’OTAN, selon laquelle toute attaque envers l’un de ses membres devrait être considérée comme une attaque contre tous. Aux vues de la situation dangereuse dans laquelle se trouve l’Europe à l’heure actuelle, même les États membres « neutres », c’est-à-dire non-membres de l’OTAN, pourraient être enclins à y adhérer. 

« C’est l’idée même que l'UE et l'OTAN bénéficieraient d'une approche plus coordonnée et complémentaire qui a motivée, en 2009, la décision du président français d’alors, Nicolas Sarkozy, pour que la France reprenne pleinement sa place au sein de l'Alliance atlantique (c'est-à-dire dans la structure de commandement militaire). J'ai effectué mon mandat de Commandant suprême allié Transformation de l'OTAN (2009-2012) sous ces auspices. Dix ans plus tard, les décisions de l'UE et les événements tragiques actuels démontrent que cette vision était juste. »

Hague Company - Général Stéphane Abrial. Crédit photo 2021 © Cedric-Doux.fr
Partenaire Associé Hague, Général (CR) Stéphane Abrial

Le sommet européen informel qui se déroulera à Paris les 10 et 11 mars devait initialement être consacré à la Boussole stratégique et au paquet de défense européenne. Nul doute que l’attention des chefs d’États et de gouvernements se portera désormais sur la guerre en Ukraine. Il est cependant difficile d’envisager, dans les circonstances actuelles, qui pourrait s’opposer à l’adoption de la Boussole stratégique et d’un renforcement des capacités de défense communes 

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3 mars 2022

Ed Kronenburg

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