5 juin 2024

Julia Menéndez Lada

Boostez votre vote : Impact des élections européennes sur votre facture d’énergie

Alors que les élections européennes approchent à grand pas et que les mouvements contestataires du monde agricole continuent de mobiliser l’attention des décideurs publics (comme évoqué dans un blog précédent), les discussions autour de la politique énergétique de l’Union européenne (UE) changent de nature.

La transition climatique et énergétique était au centre des préoccupations lors de la campagne électoral de 2019, alimentée par des mouvements citoyens tels que “Fridays for Future”, de Greta Thunberg. L’activisme environnemental a accru la sensibilisation et a placé les politiques climatiques au sommet des agendas politiques à l’échelle mondiale, y compris au sein de la Commission européenne. Cependant, des événements perturbateurs comme la guerre en Ukraine ont recentré le débat vers deux priorités : la sécurité et l’accessibilité énergétiques.

La course à la décarbonisation ou « Fit for 55”

En 2019, la Commission européenne a réaffirmé son engagement à lutter contre le changement climatique et les problèmes environnementaux en adoptant le Pacte vert européen, une stratégie ambitieuse visant à rendre l’Europe neutre en carbone d’ici 2050. Pour atteindre les objectifs fixés dans le Pacte vert, la Commission a introduit le paquet « Fit for 55 », une série d’initiatives législatives fixant des objectifs climatiques contraignants pour tous les secteurs clés de l’économie. Ces mesures visaient à réformer la politique énergétique de l’UE, accélérant la décarbonisation et promouvant le développement des sources d’énergie renouvelable dans l’UE.

Le paquet “Fit for 55” a pour principal objectif de réduire les émissions de gaz à effet de serre d’au moins 55% d’ici à 2030, par rapport à 1990. Il s’agit d’une augmentation significative par rapport à l’objectif précédent de réduction de 40 %, démontrant l’engagement des décideurs de l’UE à intensifier les efforts pour atteindre la neutralité climatique dans l’UE.

Une filière en proie à de nombreux défis

Au cours de ces dernières années, le marché de l’énergie de l’UE a été confronté à de multiples défis, aussi bien conjoncturels que structurels. L’électrification de l’économie et de la société en est un exemple.

Bien qu’essentielle à la transition écologique, notamment à la mobilité électrique et à la numérisation, elle contribue à accroître les problèmes de congestion du réseau électrique. Même durable, les infrastructures actuelles de transport et de distribution de l’électricité sont-elles suffisamment robustes et flexibles pour supporter une demande énergétique toujours plus importante ?

L’acceptation de certaines énergies apparait comme un autre défi. Bien que nécessaire pour améliorer la sécurité énergétique de l’Europe, certaines sources d’énergie renouvelable telles que l’éolien terrestre et les fermes solaires rencontrent une résistance croissante. Cela compromet leur déploiement potentiel et leur contribution à une génération d’énergie plus durable, tandis que de plus en plus d’acteurs appellent à l’arrêt du gaz.

Si la pandémie de Covid-19 a eu un impact important sur le secteur énergétique européen, en réduisant la demande d’énergie et en faisant baisser les prix du pétrole en raison des confinements et des limitations de voyage, des perturbations encore plus importantes ont été causées par la guerre en Ukraine. Les sanctions de l’UE contre la Russie ont exposé la vulnérabilité de l’Europe aux perturbations de l’approvisionnement énergétique, et en particulier sa forte dépendance aux importations de gaz russe. Les incertitudes concernant l’approvisionnement énergétique ont entraîné une hausse vertigineuse des prix, ce qui a entraîné des coûts plus élevés pour les entreprises et les ménages, modifiant les débats politiques pour se concentrer sur l’accessibilité et la sécurité énergétiques.

Les coûts énergétiques plus élevés menacent la compétitivité industrielle de l’Europe par rapport à d’autres régions bénéficiant d’une énergie moins chère ou d’un soutien gouvernemental plus élevé. Pour relever ce défi, l’UE a introduit le Mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (CBAM), qui s’appliquera à toutes les industries d’ici 2030, nivelant le terrain en imposant une taxe sur le CO2 aux importateurs.

Le rapport d’Enrico Letta

Préoccupé par le contexte politique et géopolitique actuel, le rapport de l’ancien Premier ministre italien, Enrico Letta, offre des recommandations et des perspectives cruciales pour continuer à construire le marché et la politique énergétiques de l’UE. Celles-ci ne manqueront pas d’influencer l’agenda stratégique de l’UE pour la période 2024-2029.

Dans son rapport, Enrico Letta plaide pour un marché de l’énergie davantage interconnecté, au gré d’une coopération renforcée entre les États membres et d’une l’amélioration des infrastructures. Le rapport propose plusieurs stratégies pour y parvenir, notamment des investissements dans les infrastructures transfrontalières, l’alignement des réglementations entre les États membres et une collaboration accrue.

Il appelle également à accélérer l’adoption de sources d’énergie renouvelables et à améliorer l’efficacité énergétique grâce à des investissements accrus, des politiques de soutien et des plans visant à aborder les préoccupations sociales et économiques causées par la transition loin des combustibles fossiles.

Les élections européennes de 2024

Alors que les élections européennes de 2024 approchent à grand pas, les partis politiques à travers les États membres défendent des priorités qui façonneront l’agenda énergétique de l’UE pour les années à venir. Alors que Renew Europe préconise la réduction des combustibles fossiles, les Verts et la Gauche réclament leur élimination totale. L’économie circulaire est également un sujet central pour le PPE et les Verts, ces derniers proposant l’adoption de exigences durables obligatoires pour les entreprises, ainsi que des mesures supplémentaires de taxonomie verte.

De plus, les prix actuels de l’énergie sont devenus une préoccupation majeure pour les entreprises et les ménages européens. Différents partis politiques abordent cette question en proposant des solutions diverses. Les socialistes se concentrent sur la garantie d’une énergie accessible grâce à des réformes du marché, tandis que la Gauche propose de redistribuer les bénéfices des compagnies énergétiques via des réformes fiscales pour partager les avantages des prix élevés de l’énergie parmi la population.

Le PPE soutient l’intégration du marché entre l’électricité et le gaz ainsi que l’alignement des investissements locaux pour améliorer l’efficacité et réduire les prix. En revanche, le groupe Identité et Démocratie (ID) blâme les politiques de l’UE, en particulier le Pacte vert européen, pour l’augmentation des prix et a lancé une pétition intitulée « Stopper l’augmentation injuste des prix de l’énergie due aux politiques de l’UE ! » En parallèle, certains groupes comme Renew Europe abordent le besoin actuel de collaboration et d’investissements accrus publics et privés dans la capacité des réseaux et le stockage.

Le futur agenda énergétique de l’UE

Au cœur de l’économie, l’énergie restera une priorité du prochain mandat de l’UE, avec les objectifs ambitieux définis dans le « Paquet Fit for 55 » du Pacte vert européen servant de repères cruciaux pour garantir la sécurité énergétique de la région.

Cependant, atteindre ces objectifs nécessitera une planification et une mise en œuvre minutieuses. Renforcer la compétitivité de l’Europe sera l’une des principales priorités du prochain mandat de la Commission, les prix de l’énergie compétitifs étant essentiels pour la vitalité de l’industrie énergétique et la stabilité économique globale. Un défi subsiste et devrait attirer l’attention de la Commission pour le prochain mandat : comment financer efficacement la transition énergétique et orienter davantage d’investissements privés vers les infrastructures énergétiques ? Équilibrer ces priorités sera essentiel pour le succès de l’UE dans les années à venir.

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