3 avril 2024

Felipe García Echeverri

Crime transnational et sécurité portuaire : le besoin pressant d’assurer un commerce sécurisé

Les ports européens sont de plus en plus confrontés à des saisies de drogues, notamment à Anvers, Hambourg, Rotterdam et Valence. Les drogues illicites sont souvent dissimulées dans des cargaisons destinées au commerce légal en provenance d’Amérique latine et des Caraïbes (ALC). Pour atténuer l’impact négatif du trafic de drogue des deux côtés de l’Atlantique, une coopération accrue entre ces régions ainsi qu’au sein de l’Europe est essentielle.

De 76 tonnes de cocaïne saisies en Europe en 2016, le chiffre est monté en flèche pour atteindre un record de 223 tonnes en 2020, selon les données du Centre européen de surveillance des drogues et des toxicomanies.

L’exploitation du commerce légal par le crime organisé

95 % du trafic de drogue se fait par voie maritime. Le crime organisé international profite du commerce légal pour transporter des substances illicites. Une part significative des exportations d’ALC vers l’UE se compose de produits agroalimentaires, expédiés par voie maritime. La cocaïne est alors souvent découverte dans ces cargaisons, ce qui nuit à la réputation des pays d’origine et de leurs exportateurs tout en augmentant les coûts de transactions dans les pays producteurs en raison des impératifs de sécurité accrus visant à protéger et à garantir des chaînes d’approvisionnement.

Les énormes profits du trafic de drogue alimentent la criminalité transnationale, le terrorisme, le trafic d’armes et d’êtres humains, entre autres. En ayant recours au trafics maritime, le trafic de drogue transnational mine la sécurité portuaire et celle des villes portuaires de l’UE. Le combattre nécessite de développer une approche transnationale.

Le crime organisé ne connait pas de frontières. Son combat nécessite une approche transnationale

Étant donné que le trafic de drogue est intrinsèquement une activité transnationale traversant les frontières et les mers, une approche isolée par les États membres de l’UE pour aborder la sécurité portuaire est insuffisante. De même, se concentrer uniquement sur la sécurité des ports de l’UE a ses limites. En fait, idéalement, les drogues ne devraient même pas atteindre les ports de l’UE. La feuille de route de l’UE pour lutter contre le trafic de drogue et le crime organisé, l’Alliance européenne des ports et la coopération croissante UE-ALC sur le commerce sécurisé sont cruciales pour lutter contre le trafic de drogue.

L’Alliance européenne des ports, lancée en janvier 2024 par la Commission européenne, souligne la vulnérabilité des ports européens au trafic de drogue, en tant que principaux points d’entrée des volumes commerciaux de l’UE. Les entités publiques et privées sous l’égide de l’Alliance visent à unir leurs efforts contre le trafic, à renforcer l’application de la loi dans les ports et à établir des partenariats pour sensibiliser et soutenir les autorités portuaires et les compagnies maritimes dans la lutte contre le trafic de drogue et l’infiltration criminelle.

En octobre 2022, la Belgique, l’Allemagne, la France, l’Italie, l’Espagne et les Pays-Bas ont formé la Coalition des pays européens luttant contre la criminalité grave et organisée pour accroître la coopération et perturber le trafic de drogue via les ports. Cette coalition entend élargir la coopération avec l’ALC pour démanteler les réseaux criminels. La Déclaration de La Paz signée en février 2024 par l’UE et la CELAC renforce la coopération en matière de sécurité contre la production et le trafic de drogue.

La transition vers un commerce sécurisé

La priorité accordée par l’Europe à la sécurisation des ports témoigne de l’importance de cette question, compte tenu de la menace que représentent les stupéfiants illégaux pour la santé publique, la sécurité et les intérêts commerciaux, tant en Amérique latine et dans les Caraïbes qu’en Europe. Étant donné la dimension mondiale du trafic de drogue, impliquant des individus de diverses régions, une approche transnationale est essentielle pour faire face aux répercussions économiques, sociales et sécuritaires de cette activité criminelle.

Cependant, étant donné le volume du commerce légal, se concentrer uniquement sur les ports ne suffira jamais à atteindre l’objectif de sécurité. Une coopération renforcée au sein de l’UE et entre l’UE et l’Amérique latine et les Caraïbes, impliquant tant des acteurs publics que privés, est essentielle pour lutter contre le trafic de drogue afin de garantir la sécurité transatlantique et de prévenir les menaces.

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3 avril 2024

Felipe García Echeverri

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