Cinq questions à Felipe García-Echeverri
Cinq questions à Felipe García-Echeverri Felipe García-Echeverri, qui êtes-vous? Je suis né
Pendant longtemps, l’Europe a largement dépendu d’un nombre restreint de pays pour ses importations d’énergie. Cette dépendance excessive a révélé la vulnérabilité de sa chaîne d’approvisionnement énergétique, notamment lors d’événements récents comme la pandémie de COVID-19 et la guerre en Ukraine. Ce conflit a mis en lumière l’urgence pour l’Europe de se tourner vers un modèle énergétique plus autonome, diversifié et résilient.
Dans le cadre de l’Accord de Paris et des ambitions du Green Deal, qui visent à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, l’UE s’efforce de diversifier ses sources d’énergie et d’accélérer la transition vers une énergie plus propre. L’initiative « RepowerEU » est au cœur de cette stratégie, avec pour objectifs de réduire la dépendance à l’égard de fournisseurs uniques et de promouvoir les énergies renouvelables à travers l’Europe. De plus, la création de la Banque de l’Hydrogène a pour but d’attirer les investissements privés dans les projets liés à l’hydrogène, en facilitant la connexion entre l’offre d’énergie renouvelable et la demande européenne, tout en surmontant les obstacles initiaux à l’investissement.
L’Afrique, longtemps sous-estimée, émerge désormais comme un partenaire commercial essentiel pour l’UE. Comment établir un partenariat énergétique bilatéral fructueux qui profiterait aux deux continents ?
Grâce à ses vastes et diversifiées ressources naturelles, l’Afrique s’impose comme un acteur essentiel de la chaîne d’approvisionnement mondiale en énergie verte. Le continent abrite en effet d’importantes réserves de matières premières nécessaires aux technologies qui sous-tendent les infrastructures d’énergie renouvelable. Par exemple, la République démocratique du Congo détient à elle seule environ 50 % des réserves mondiales de cobalt, un composant crucial pour la fabrication de batteries, d’éoliennes et de panneaux solaires. Alors que la demande mondiale pour ces matériaux ne cesse d’augmenter, l’Afrique se présente de plus en plus comme un fournisseur de premier plan pour le secteur des énergies vertes.
En outre, le potentiel de l’Afrique en matière d’énergie renouvelable est considérable. Selon la Renewable Power Plant Database Africa, d’ici 2040, 76 % de l’électricité du continent pourrait provenir de sources renouvelables, réparties entre 82 % de l’hydroélectricité, 11 % de l’énergie solaire et 7 % de l’énergie éolienne. Ces perspectives soulignent le rôle de l’Afrique non seulement en tant que fournisseur crucial de minéraux essentiels, mais aussi comme un leader potentiel dans la production et la distribution d’énergie renouvelable.
Nombreux sont les pays européens qui reconnaissent de plus en plus le potentiel de l’Afrique dans le domaine de l’énergie verte. Un exemple notable est la publication récente du « Plan Mattei » par l’Italie, en novembre 2023. Ce plan, financé à hauteur de 5,5 milliards d’euros par le Fonds National pour le Climat et le budget de développement de l’Italie, vise à promouvoir des objectifs communs et des projets de croissance durable en partenariat avec l’Afrique.
Au niveau de l’Union européenne, la stratégie Global Gateway renforce les liens avec le continent à travers l’Initiative Afrique-Europe pour l’Énergie Verte. Ce programme vise à mobiliser les acteurs publics et privés européens et africains pour augmenter la production d’électricité, améliorer l’accès à l’énergie, promouvoir l’efficacité énergétique, soutenir les réformes pour un environnement réglementaire favorable aux investissements privés, et favoriser l’intégration des marchés. L’initiative implique l’UE, les États membres, ainsi que des institutions financières européennes majeures telles que la Banque européenne d’investissement (BEI) et la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD).
Par ailleurs, des projets internationaux tels que le « Corridor de Lobito » positionnent l’Afrique comme un partenaire clé dans la production et la distribution d’énergie. Ce projet d’infrastructure, comprenant un réseau ferroviaire et routier depuis le port de Lobito (Angola) sur la côte atlantique jusqu’à la Zambie et d’autres pays d’Afrique australe, vise à améliorer les échanges commerciaux, réduire les coûts de transport et soutenir le développement économique au niveau régional.
Alors que l’Europe intensifie ses efforts pour diversifier son approvisionnement énergétique et établir de nouveaux partenariats avec l’Afrique, elle doit naviguer dans un paysage complexe de défis. Les tensions géopolitiques, l’absence de cadres réglementaires adéquats et un environnement d’investissement parfois peu favorable peuvent constituer des obstacles majeurs.
L’Europe peut jouer un rôle crucial en soutenant l’Afrique dans la mise en place de cadres d’investissement solides en offrant une assistance technique, un soutien financier et des conseils en matière de politique publique. Cela comprend le partage d’expertise pour développer des réglementations claires, le financement d’infrastructures et de projets d’énergie renouvelable, ainsi que la promotion des investissements privés via des mécanismes de partage des risques. L’Europe peut également faciliter l’accès aux marchés grâce à des accords commerciaux, stimuler l’innovation par le biais de partenariats de recherche et contribuer à des initiatives de durabilité. En renforçant les cadres de gouvernance et de transparence, elle aidera à créer un environnement d’investissement plus attractif, propice à la croissance économique et au développement en Afrique.
Par ailleurs, le développement d’une industrie de l’énergie verte en Afrique sera d’autant plus solide s’il profite non seulement aux exportations vers l’Europe, mais aussi à la consommation énergétique locale, favorisant ainsi le développement social et économique dans les pays africains.
Il est essentiel que les projets d’énergie renouvelable apportent des avantages concrets aux communautés locales, en fournissant une énergie fiable, abordable, en créant des emplois et en améliorant les infrastructures. Cela rendra le partenariat plus durable et équitable, et permettra des bénéfices plus larges et durables pour les deux continents.
En forgeant des partenariats solides et équilibrés, fondés sur des intérêts économiques communs, l’Europe et l’Afrique peuvent créer un avenir de prospérité partagée et de bénéfices mutuels. Ces relations ne doivent pas seulement répondre aux besoins énergétiques immédiats, mais aussi jeter les bases d’une stabilité et d’une croissance durables pour les deux continents. Cette approche collaborative transcende les dynamiques de pouvoir traditionnelles, offrant une situation gagnant-gagnant.
Grâce à des relations équitables et harmonieuses, l’Afrique et l’Europe peuvent ensemble bâtir un avenir stable et prospère. Cela démontre la puissance des partenariats stratégiques pour relever les défis mondiaux et promouvoir un développement inclusif et durable.
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